Au
début de la guerre, les français portaient encore le
képi modèle 1884, recouvert en opération d'un
manchon gris de fer bleuté. Seuls les dragons et les cuirassiers
avaient un casque (modèle 1872), qui devait d'ailleurs surtout
protéger des coups de sabres et non des balles. La guerre de
position entraînant de nombreuses et graves blessures
à la tête, l'adoption d'une protection cranienne
devînt nécessaire. Le premier essai
généralisé consista à doter les soldats de
cervelières, calottes hémisphèriques en acier qui
se plaçaient sous le képi. Cette solution de fortune
répondait à une nécessité immédiate
et était applicale rapidement, en attendant la mise au point
d'un casque digne de ce nom, pratique, efficace et économique
(on devait équiper plus de trois millions d'hommes!).
Après avoir sollicité une cinquantaine d'entreprise, le
ministère de la guerre retint finalement le projet porté
par l'intendant général Adrian, conçu par Louis
Khun, chef d'atelier d'agrafage mécanique aux usines Japy (qui
produisait déjà la cervelière). La distribution a commencé à la fin de
juin 1915, mais de fait ce n'est qu'en août 1915 que les troupes
seront équipées convenablement du nouveau casque.
Cervellières (à gauche) et nouveau casque adrian (à droite):

Constitution:
Le casque est constitué d'une bombe en tôle d'acier
embouti de 7/10° de mm d'épaisseur, sur lequel vient se
fixer par sertissage et rivetage une visière et un couvre nuque.
A des fins de ventilation, une ouverture allongée est
réalisée au faîte du casque et un cimier fixé par deux rivets vient
cacher celle-ci. Deux autres
trous au front laissent passer les pattes de fixation (en laiton
soudé sur l'acier) d'un attribut différent pour chaque
arme. Le cimier, la visière, le couvre nuque et l'attribut sont réalisés eux aussi par emboutissage.
Presse à emboutir les bombes des casques:


Symbole de l'infanterie, de l'artillerie et de l'infanterie coloniale:

Symboles du génie, des chasseurs et du service de santé des armées:

L'intérieur est constitué par une
coiffe en cuir, entourée par un turban en drap. En nouant le
lacet au sommet de la coiffe on peut régler la profondeur, et
éviter le contact direct crâne/acier. Des plaquettes
ondulées en aluminium formant ressort sont
insérées entre le turban de la coiffe et la face interne
de la bombe, réalisant des pointures différentes et le
passage de l'air dans le casque. De petites bandes de tôles
soudées sur le casque servent à fixer la coiffe et la
jugulaire
de cuir. Le tout pèse environ 800g.
Intérieur de la partie métallique du casque (gauche) et casque entier avec jugulaire (à droite):

Ouvrières soudant des crampons à l'intérieur des casques pour fixer la jugulaire et le turban:

Une couche de peinture
gris mat semblable à celle du canon de 75 est ensuite
appliquée avant passage dans un four à gaz. Le but est de
se prémunir des reflets de lumière qui
révéle la position des hommes, et aussi des rayures,
inévitables avec d'autres procédés.
Peinture des casques et four destiné à la cuire:

Evolution: De fait la couleur
choisie crée trop de reflets et on décide de l’utilisation d’un
couvre casque, utilisé début 1916, avant l'adoption d'une nouvelle couleur. Pour protéger la
face des guetteurs, des modèles avec visières furent conçues,
mais, trop peu pratique, ne furent guère utilisés.
Les attributs étrangers du casque Adrian:
Le casque Adrian a été adopté par nombre de
nations alliées durant la grande guerre, et parfois
conservé ou même adopté aprés celle-ci. Sauf
exception (l'Italie fabrique dés 1916 un casque trés
proche du modèle français), ils seront
approvisionnés jusqu'à la fin de la guerre par les usines
et ateliers français en casques et attributs.
Belgique:
Tête de lion vue de face - ancien (à gauche) et nouveau
modèle (à droite) - Ce pays reste fidèle au casque
adrian jusqu'à le seconde guerre mondiale

Serbie: aigle bicéphale couronné portant sur la poitrine les armes de ce pays

Roumanie: monogramme couronné du roi Ferdinand 1er estampé sur un macaron ovale

Russie: aigle bicéphale et armoiries de l'empire des tsars

Pologne: aigle
national dans un corps de chasse pour les chasseurs (à gauche)
et dans un macaron ovoïde pour les autres troupes (à
droite) - troupes polonaises en France en 1940 (en dessous)


Troupes tchécoslovaques en France:
composition héraldique regroupant les écus de
Bohème (au centre), de Slovaquie (en haut), de Silèsie
(à droite) et de Moravie (à gauche)

Grèce: écu couronné portant la croix nationale

Yougoslavie: de troupe (à gauche) et d'officier (à droite) - L'écu
sur la poitrine de l'aigle porte les armoiries des trois provinces
serbe, slovène et croate. Ce pays reste fidèle au casque
adrian jusqu'à le seconde guerre mondiale

Thaïlande:

Pérou: soleil figuré avec tête de femme au centre, de grand diamètre

Mexique: attributs diffèrents suivant les armes (infanterie, cavalerie, artillerie et gendarmerie)

Source: La science et la vie N°23 octobre-novembre 1915
Gazette des armes N°55 mai-juin 1980
Site Les français à verdun 1916