Jusqu'aux
années 1880 la cryptographie est restée une
activité marginale dans l'armée française, bien
que la guerre de 1870-71 ait montré
l'insuffisance de
sécurité dans les communications militaires (ce qui
contribua à la défaite). Le renouveau de la cryptographie
militaire française est l'œuvre de pionniers civils et
militaires (général Lewal, professeur Kerckhoffs,
capitaine Bazeries...). Au début de la grande guerre
l'armée française disposait d'un service de cryptographie
trés en avance sur ceux des autres bélligérants,
non seulement auteur des systèmes cryprographiques
utilisés par l'armée française, mais aussi
trés compétents dans le décryptement des
télégrammes interceptés des armées et
chancelleries ennemies. Nous avions de plus une avance dans le domaine
de la télégraphie sans fil, ce qui nous permettait
d'écouter les postes des autres pays et de
déterminer leurs localisations.
Appareil à chiffrer du Commandant Bazeries - 1891:
cette invention fort ingénieuse a été
adoptée par les états-majors de l'époque et a
été longtemps en service. L'appareil se compose d'un
cylindre sur lequel on peut enfiler 20 rondelles
numérotées portant 20 alphabets
désordonnés. L'utilisateur enfilait les rondelles suivant
l'ordre numérique donné par la clé du jour et
composait son message sur une ligne. Le texte chiffré etait
donné par l'une des 19 autres lignes. À la
réception du message le destinataire enfilait les rondelles de
son appareil suivant l'ordre de la clé et composait sur une
ligne les 20 premières lettres du code chiffré. Le texte
clair sur l'une des 19 autres lignes sautait alors aux yeux.

Sources: La cryptographie militaire avant la guerre de 1914 - Alexandre Ollier - Lavauzelle 2002
Annexes
La Scytale:
Voici, du reste, ce que c’est que la scytale. Quand un général part
pour une expédition de terre ou de mer les éphores prennent deux
bâtons ronds, parfaitement égaux en longueur et en épaisseur, de
façon à se correspondre exactement l’un à l’autre, dans toutes les
dimensions. Ils gardent l’un de ces bâtons et donnent l’autre au
général : ils appellent ces bâtons scytales. Lorsqu’ils veulent
mander au général quelque secret d’importance, ils taillent une
bande de parchemin, longue et étroite comme une courroie, la
roulent autour de la scytale qu’ils ont gardée, sans laisser le
moindre intervalle entre les bords de la bande, de telle sorte, que
le parchemin couvre entièrement la surface du bâton. Sur ce
parchemin ainsi roulé autour de la scytale, ils écrivent ce qu’ils
veulent ; et, quand ils ont écrit, ils enlèvent la bande, et
l’envoient au général sans le bâton. Le général qui l’a reçue n’y
saurait rien lire d’ailleurs, parce que les mots, tout dérangés et
épars, ne forment aucune suite ; mais il prend la scytale qu’il a
emportée, et roule autour la bande de parchemin, dont les différents
tours, se trouvant alors réunis, remettent les mots dans l’ordre où
ils ont été écrits, et présentent toute la suite de la lettre. On
appelle cette lettre scytale, du nom même du bâton, comme ce qui est
mesuré prend le nom de ce qui lui sert de mesure - Plutarque - Vies parallèles - Lysandre XIX