Il
y eut chez nos camarades russes des évolutions effarantes: un
officier que je voyais souvent et qui parlait trés bien notre
langue, passa successivement, dans un temps trés court, du
tsarisme le plus noir à la république rose, et de
celle-ci au socialisme rouge. Et beaucoup d'autres l'imitèrent,
donnant ainsi la mesure du désordre de leur esprit et du manque
d'équilibre de leur conscience. En vérité, ce
peuple n'était pas mûr pour une révolution aussi
radicale et les suites de cette révolution n'ont surpris aucun
de ceux qui s'étaient donné la peine de peser
l'agglomoérat de nationalité diverses, plus ou moins
venues à la civilisation, qui constituait l'empire de Russie...
Mais je sens que je vais verser dans la politique, et je dois me
l'interdire; je dirai pourtant quelle a été, à mon
sens, la faute capitale de la révolution, celle qui a
causé tout le mal: c'est le geste par lequel le premier ministre
de la guerre du gouvernement Milioukoff, du parti cadet (K D
Konstitutionnel Démocrate) instituat dans les régiments
les conseils de soldats et rendit le salut facultatif. La discipline
était, du coup, ruinée, et l'on pouvait s'attendre
à tout - et tout est arrivé. Le parti cadet à qui
revient cette première et grave atteinte à la
solidité de l'armée, a payé trés cher cette
faute... passons en saluant les victimes - Colonel Raynal - Le drame du fort de Vaux - La blokade
Source:
L'armée française de l'été 1914 - Henri
Ortholan ; Jean-Pierre Verney - Bernard Giovanangeli Editeur - 2004
Histoire illustrée de la guerre du droit - Emile Hinzelin - Librairie Aristide Quillet