BREF HISTORIQUE DE L'ARTILLERIE

DE L'ANTIQUITE AU MOYEN-ÂGE

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Antiquité: Avec les fortifications on dut inventer des machines de guerre pour l'attaque. En occident ce sont les invasions perses (guerres médiques, V° siècle av.J.C.) qui introduisirent ces machines.

Les machines d'escalade étaient des tours en bois permettant de hisser l'assaillant au niveau du défenseur. Elles furent améliorées en les mettant sur roues, et en leur joignant pont levis, échelles, etc.

Les machines de chocs étaient les béliers, où une énorme poutre avec tête en métal permettait d'enfoncer les murs. Les hommes qui manoeuvraient le bélier étaient protégés par une charpente montée sur roue.

Les machines de jetétaient la catapulte, lançant des pierres, et les balistes, lançant des traits. Leur portée utile était de 400 à 600m. On utilisa dabord l'arc, dont le principe est la flexion. Celui-ci atteignant ses limites, on eût recours au principe de la torsion, dans lequel des fibres élastiques fortement tendues étaient portées à une tension encore plus grande quand on armait le dispositif. Les anciens traités de l'antiquité traitant des machines de guerre (Héron, Philon, Biton, Vitruve, Ctésibios, Archimède) furent redécouvert au début du XX° siècle et on s'éperçut alors que la technique avait atteint un haut degré de raffinement.

Baliste à arc conçue du temps de Denys de Syracuse (399 av. J.C.): un coulisseau entraînant la corde par une griffe à détente est maintenu en arrière par un dispositif à rochet. Une manivelle permet de tendre la corde.

Baliste à ressort de torsion: le boulet était placé dans une poche tissée au milieu de la corde qu'un coulisseau permettait de tendre via une manivelle à rochet. 

Baliste mobile romaine: montée sur roues, l'ossature en fer allégeait la structure

Comme machine défensives, on ne voit guère à cette époque que le corbeau à double poutre, qui consistait en une énorme pièce de bois suspendue par deux potences et qu'on laissait tomber sur le bélier pour le casser, et plus tard le corbeau à tenailles qui permettait de neutraliser le bélier: 

Corbeau double à poutre:

Corbeau à tenailles:


Moyen-âge: Á la baliste et à la catapulte se substituent des engins basés sur le principe de la fronde et utilisant des contrepoids. Les catapultes et balistes utilisaient en effet la torsion de nerfs de bœufs et des arcs composites. Or les cuirs ont tendance à se détendre une fois mouillés, et ces machines, bien que redoutables mais mal adaptés à nos climats, ont sans doute disparu définitivement avec l'empire romain.

Baliste du moyen-âge:

Le bélier et la tour mobile subsistent encore mais on semble donner la préférence aux échelles. On employait aussi les mines ou chambres souterraines pour saper les remparts, mais devant la difficulté les moyens employés visaient surtout à atteindre le défenseur sur l'étroite plate forme qui courronnait les remparts. La plupart du temps l'assaillant devait recourir à des stratagèmes ou à des surprises.

Louve (corbeau) et sac utilisé par les défenseurs contre le bélier des attaquants - miniature d'époque:

Pierrières: Parmi les machines les plus anciennes! il s'agit de machines à balancier utilisant la force humaine. Les projectiles sont légers (3 à 12 Kg), la portée modeste (40 à 60m), la cadence de tir rapide (1 coup/min). Si elles sont inefficaces contre les murailles elles sont en revanche d'une redoutable efficacité contre les charges de fantassins ou de cavaliers.

Bricole: amélioration du modèle précendent, cet engin avait un contrepoids sur le balancier pour aider la force humaine. Il envoyait des projectiles de 10 à 30Kg jusqu'à 80m. Une équipe entrainée peut atteindre la cadence de 1 tir/min.


Bricole - bas relief issu du tombeau de Simon de Montfort, tué par une machine de ce type au siège de Toulouse en 1218:

Mangonneau à roue de carrier: le contre-poids était fixe, dans le prolongement du mat qui passait de l'horizontale à la verticale avec un déplacement irrégulier et brusque de la charge qui influe défavorablement sur la précision du tir. Il s'agit du premier engin à contrepoids, qui pouvait envoyer des boulets de plus de 100 Kg à 150m. La cadence était de 1 à 2 tirs par heure. Il était nécessaire d'employer un treuil pour rabattre le mat. 

Le but d'une machine aussi lourde était de marteler un endroit précis d'une muraille pour ouvrir une brêche. Son principal défaut était que les charges de terres et de pierres dans la huche du cointrepoids finissaient toujours par se déplacer, entrainant à-coups et vibrations, néfastes pour la charpente et nuisant à la précision de son tir. Cette machine a été utilisée jusqu'au XV° siècle.


Trébuchet: l'amélioration par rapport au modèle précédent résidait dans le contrepoids mobile. Cette machine pouvait envoyer des boulets de plus de 100 Kg à plus de 200m avec une grande précision. La cadence était de 1 à 2 tirs par heure.

Couillard: l'amélioration apportée par ce modèle était due à la simplicité de conception introduite par les deux charges mobiles. Plus petit que les précédents, il permettait tout de même 10 coups par heure, était précis et avait un nombre nettement réduit de servants.

Couillard - miniature d'époque:

Malgré l'introduction de l'artillerie à poudre, ces engins resteront utilisés jusqu'au XVI° siècle, en concurrence avec les canons.

Bélier: cet engin permettait de défoncer les portes des forteresses ou les parties des remparts les moins bien protégés. Une solide charpente couverte de matériaux peu inflammables copieusement arosés protégeait les servants. les défenseurs pouvaient jeter des projectiles sur le bélier ou essayer de saisir la tête de celui-ci par une tenaille (louve).

    

Beffroi: connu depuis l'antiquité sous divers noms (sambuque, hélépole, truie, tour roulante, etc.) cet engin permet d'attaquer au sommet des murailles et de s'y introduire. On a pu avoir des beffrois avec bélier à la base et trébuchet à son sommet. Le plus souvent des archers se plaçaient dans les étages intermédiaires. 


La Poudre: Celle-ci a une origine trés ancienne. Elle a d'abord été utilisée pour la confection d'artifices incendiaires et de fusées. On sait que les chinois ont utilisé des fusées volantes incendiaires et des pétards dans les premiers siècles de l'ére chrétienne. Les byzantins firent également usage de mélanges souffrés comme engins incendiaires contre les navires (feux grégeois). Les arabes ont utilisés des compositions salpétrées pour porter l'incendie ou effrayer les ennemis. C'est à partir du XIII° siècle au plus tôt qu'on a pensé à une utilisation de la poudre comme engin balistique


Les débuts de l'artillerie à poudre: C'est vers la fin du XIII° début XIV° siècle qu'on utilisa les premiers engins balistiques à poudre, appellées bouches à feu. La bataille de Crécy, le 25 août 1346, est ainsi réputée être la première où des armes à feu sont engagées. 

Au moyen-âge l'artillerie, ainsi que les forgeurs qui fabriquaient les canons, était composée de professionnels, organisés en corporations et dirigés par des maitres. Les rois s'attachèrent rapidement un certains nombre de maitres et de cannoniers sous leurs dépendance, et organisèrent des arsenaux, dont le plus important fut celui du Louvre.

L'artillerie primitive était lourde et grossière. Les projectiles étaient en pierre et avaient une force vive insignifiante, totalement impuissante contre les fortifications, et de plus le tir était trés lent. Seule la défense pouvait en tirer quelques avantages. Les premiers grands canons en fer ont été construits comme des tonneaux, au moyen de barres juxtaposés maintenues extérieurement par des cercles jointifs. Pendant longtemps Cette artillerie ne valut pas mieux que les anciennes balistes, et était de plus trés dangereuse, les éclatements étant fréquents. Comme on ne pouvait donner en sécurité de grandes vitesses initiales, on devait donc pour avoir de la puissance lancer des boulets trés gros, sous de grands angles, dans des bombardes énormes. On pouvait néanmoins atteindre des portées de 1500m environ. 

La bombarde de Gand (1452), qui tirait un boulet de 340kg, pesait 16 tonnes et avait un calibre de 640mm :

Au XV° siècle apparut le boulet métallique pour les grosses pièces. Vers la fin du siècle, suite aux progrés de la métallurgie, les pièces furent construites en bronze et moulées. Les canons devinrent plus mobiles et à tir plus tendu. 

L'affut eut une évolution plus lente pour aboutir aux affuts sur roues et des bouches à feu articulées autours de tourillons des canons modernes. On voulait en effet supprimer le recul, ce qui nuisait à la mobilité et aussi à la puissance (car on était conduit à diminuer les charges de poudres!). Les procédés de pointage sont des plus primitifs.

Fauconneau:

Au début du XVI° siècle l'artillerie avait raison des anciennes fortifications.

Bouches à feux utilisées lors d'un siège vers la fin du moyen-age - miniature d'époque:


=> L'artillerie de la Renaissance au second Empire


Sources: Cours de fortification - Ecole militaire de l'artillerie - 1912
Les machines de guerre au moyen-âge - Renaud Beffeyte - Editions Ouest France