LE SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES DURANT LA GRANDE GUERRE
<= L'armée française de l'été 14
Je fus embarqué avec d'autres blessés dans l'une des voitures sanitaires qui faisient la navette entre le champs de bataille et l'ambulance de campagne. Elle partit au galop, coupant la grande tranchée, que martelait encore un tir violent. Derrière les bâches grises, nous roulions en aveugles à travers le danger qui nous suivait de son pas pesant de géant. Sur l'une des civières, avec lesquelles on nous avait enfoncés dans la voiture comme on enfourne les pains, un camarade atteint d'un coup dans le ventre souffrait atrocement. Il nous supplia chacun de nous de l'achever avec le pistolet de l'infirmier, pendu dans la voiture. J'allais connaître plus tard ce qu'on ressent quand chaque cahot sur la route tombe comme un coup de maillet dans une blessure grave - Ernst Jünger - Orages d'acier - Les Eparges
La première réforme fut de ne plus reporter à l'arrière les opérations chirugicales, les chirugiens les plus confirmés sont désormais affectés au plus près du front. La relève (transport de la ligne de feu au poste de secours), le ramassage (vers les ambulances puis vers les hôpitaux de la zone de l'avant), l'évacuation (vers les hôpitaux de l'arrière) se font plus rapidement, l'innovation majeure résidant dans le triage chirurgical des blessés à tous les niveaux de la chaîne d'évacuation. Les interventions précoces ainsi qu'une aseptie rigoureuse deviennent ainsi la règle, tandis que les techniques chirurgicales font un bond en avant (anesthésie, traitement du choc, transfusion, radiologie).
Un blessé ayant reçu un éclat d'obus dans le genou avait de fortes chances, en 1914, de mourir de gangrène à Bordeaux ou à Nice ; en 1915, on lui eut coupé la cuisse dans une ambulance de l'avant et il s'en fut tiré à ce prix ; en 1916 on lui réséquait son articulation et il eut sans doute guéri en ankylose avec une jambe raide à jamais ; enfin, en 1918, on lui conservait sa jambe et sa cuisse et l'intégrité presque absolue de la flexion de celle-ci sur celle-là - Chirurgien Abram
En 1918, le système de santé des armées français était devenu de loin le plus performant de toutes les armées en conflits, mais paya aussi un lourd tribut: 1600 médecins, 150 pharmaciens et 9200 infirmiers-brancardeurs sont ainsi tombés au front.
Local Pharmacie dans un poste de secours enterré:
Embarquement de blessés en gare de Châlons:
Blessés légers sur le chemin de l'hôpital:
Malades à la visite dans un poste de secours - forêt d'Apremont - avril 1915: l'hygiène déplorable régnant dans les tranchées fut la cause de trés nombreuses maladies
Blessés allemands pris en charge par des brancardiers français devant Douaumont:
Une ambulance prés du front en 1918:
Train sanitaire équipé: en haut office et cuisine, au centre l'ensemble du train, en bas la chambre du médecin major et du pharmacien major et une voiture pour huit blessés
Médecins et brancardiers sur le front:
Brancardiers atteints par des éclats de shrapnells: ils furent plus de 8000 à périr sur le front