LES CANONS DU SYSTÈME DE BANGE
La tâche de créer un matériel d'artillerie moderne était donc immense. Durant le second empire les études des généraux Treuille de Beaulieu et de Reffye avaient amené au choix d'une culasse à vis inventée par Treuille de Beaulieu et d'une culasse à coin inventée par le suédois Wahrendorf. Les études reprennent vite aprés la guerre, et deux brillants artilleurs, le colonel de Bange et le lieutenant colonel de Lahitolle, vont réussir à replacer notre artillerie au premier rang des puissances européennes. Auteurs de deux systèmes excellents, c'est finalement le système de Bange qui sera choisi. De Bange fût ainsi l'auteur du premier système cohérent d'artillerie moderne faisant appel exclusivement à des canons en acier rayés se chargeant par la culasse. En effet avec l'adoption du canon de 90 de campagne, les progrés réalisés furent si importants que l'on pensa avoir acquis une solution valable pour un long délai, et la création d'un système d'artillerie complet sur le modèle de ce canon fut décidé. Au bout de quelques années les matériels mis au points furent les suivants:
Calibre |
Modèle |
Portée |
|
Artillerie de campagne |
90 |
1877 |
6500m |
Artillerie de montagne |
80 |
1877 |
4000m |
Artillerie de siège et de place |
120 long |
1878 |
8000m |
120 court |
1890 |
5700m |
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155 long |
1877 |
9000m |
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155 court |
1881 |
9000m |
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220 mortier |
1880 |
5500m |
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270 mortier |
1885 |
5500m |
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Artillerie de côte |
240 long |
1884 |
11000m |
270 mortier |
1889 |
7000m |
Les canons longs sont assez mobiles avec des roues de grand diamètre. Ils possèdent un avant train et tirent sur roues. Le recul est limité par de simples coins placés un peu en arrière des roues. Les canons courts et les mortiers doivent reposer au tir sur une plateforme bien plane. Pour les déplacements ils sont munis d'un essieu porteur d'une fausse flêche et d'un train avant.
Avec le système de Bange le système Gribeauval appartint définitivement au passé. Durant la grande guerre ces canons seront ressortis pour faire face à notre pénurie de matériels.Le colonel de Bange (1833-1914): Polytechnicien, brillant artilleur, il travaille à la manufacture de Chatellerault, à l'école de pyrotechnie de Metz puis devint directeur de l'atelier de précision
Le Lieutenant colonel Périer de Lahitolle (1832-1879): Polytechnicien, nommé inspecteur des études à l'école polytechnique aprés la campagne du Mexique. Il est nommé chef d'escadron en 1872 et détaché à la fonderie de Nevers dont il devint le directeur en 1875. Il meurt prématurément des suites des trois blessures reçues à Reichoffen
Les bouches à feu sont remarquables de fini, de solidité et de précision. Le tube cylindrique à l'arrière et tronconique à l'avant est fretté sur tout (120L) ou partie (90-155L) de sa longueur par une (90-120L) ou deux rangées de frettes cylindriques de faible longueur chacune.
Le principal inconvénient des canons de l'époque était leur violent recul qui obligeait les servants à repointer systèmatiquement (hormis les batteries sur plateforme), ce qui fait que cadence de tir ne dépasse pas 2 coups/min.
Mis au point entre 1877 et 1882, le système de Bange fût amélioré entre 1886 et 1892, notamment les dispositifs de pointages ainsi que par l'emploi de poudre sans fumée.
Culasse vue arrière: fermée et verrouillée, arme prête à faire feu aprés introduction d'une étoupille fulminante à traction dans le canal axial
Canon de 120L sur cingolis vers la fin 1914:
Durant un déplacement pendant la grande guerre:
Départ pour le front de canons de 120 Long à tracteurs:
Le mortier de 220 en action durant la grande guerre:
Amélioration des matériels français et comparatif avec les matériels allemands:
Evolution des effectifs de l'artillerie française:
Ajoutons que l'artillerie de tranchée avait 1580 pièces à l'armistice et aucune en 1914
Canon de bange de 155 long. remarquez les pièces de bois destinées à remettre plus vite les pièces en position:
Canon de 155 Long transporté sur le front italien (1915):